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Notre Temple
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Le temple, construit en pierre blanche du pays, est de style néo-médiéval, comme de nombreux lieux de culte datant de cette époque.
Le style néo-médiéval était en effet très en vogue au XIXe siècle. À Paris, par exemple, la construction des bâtiments religieux a été réalisée en style néo-médiéval, de façon quasi-systématique, après la Loi de séparation de 1905.
On retrouve ce style dans :
L’intérieur est également de style néo-médiéval.
La décoration est dite « pittoresque » : les murs sont décorés de frises non-figuratives, dans les tons ocre jaune et ocre brun.
La hauteur intérieure est de 10 mètres. Cette grande hauteur est obtenue grâce à l’utilisation d’une technique de charpente qu’on retrouve dans d’autres bâtiments de la région (des granges par exemple) : la « ferme américaine ».
Au XVIe siècle, le mouvement de contestation religieuse qui aboutit à la Réforme protestante va avoir des conséquences sur l’architecture des bâtiments religieux. Les idées de la Réforme s’expriment, se voient dans la façon dont les églises protestantes (les temples) sont conçus et construits.
Un temple est conçu pour accueillir la communauté, sans hiérarchie. Il ne prévoit pas non plus de lieux retirés de prière individuelle comme les chapelles que l’on trouve dans les églises catholiques.
De plus, c’est un espace non-sacré, non consacré. On peut y parler librement et même y manger.
Il n’y pas d’intermédiaires entre Dieu et les fidèles, on respecte la Vierge Marie et les saints comme des hommes et des femmes ayant eu une vie exemplaire, mais on ne les vénère pas, on ne leur adresse pas de prières (pas de chapelles dédiées à un saint ni à Marie).
Le seul intermédiaire entre les fidèles et Dieu, c’est Jésus Christ.
Il n’y a même presque aucune image. Au XVIe siècle, les Réformés sont revenus au deuxième commandement du décalogue « Tu ne te feras pas d’idole, ni rien qui ait la forme de ce qui se trouve au ciel là-haut, sur terre ici-bas ou dans les eaux sous la terre. Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux et tu ne les serviras pas… » Exode 20, 4-5 (Traduction Œcuménique de la Bible).
Les vitraux et les frises sont non-figuratifs.
Comme les cisterciens cinq siècles plus tôt, on veut que rien ne vienne troubler l’attention du fidèle dans l’écoute de la Parole ni dans la prière.
Dans chaque temple réformé, une Bible, en général de grande taille, est placée sur la table. En effet, la Bible est l’autorité suprême en matière de foi et de vie. La Bible du temple de Compiègne est une Bible du XVIIe (1644 ?). Cette traduction peu courante est l’œuvre d’un Protestant italien réfugié à Genève : Jean (Giovanni) Diodatti.
Les seules « images » que l’on trouve souvent dans les temples sont des versets de la Bible, ou la représentation des tables de la loi.
Surélevée, la chaire se trouve au centre.
Le cœur d’un culte protestant, le plus important, ce qui nourrit spirituellement et intellectuellement les fidèles, ce sont les lectures de la Bible et LA PRÉDICATION. Pour cela, le prédicateur (le pasteur ou le prédicateur laïc) doit être bien entendu et vu de toute l’assemblée. Aujourd’hui, la présence d’une sonorisation avec des micros n’oblige plus à « monter en chaire » systématiquement. Généralement, le pasteur prêche depuis la chaire pour des occasions spéciales, mais il n’y a pas de règles. C’est selon la sensibilité de chacun.
À Compiègne, la chaire est placée au-dessus de la table de communion. Cette particularité Réformée signifie que La Parole est au cœur de la célébration du Culte. Alors que la messe catholique est centrée sur l’eucharistie, le culte protestant est centré sur la lecture de la Bible et la prédication.
Dans les temples protestants luthériens, la chaire se trouve souvent sur le côté, au même niveau que la table de communion. Cela reflète les différentes nuances de compréhension de la Sainte Cène (l’Eucharistie pour les catholiques).
Pour un catholique, au moment de l’Eucharistie, par l’action du prêtre, intermédiaire entre Dieu et les fidèles, le vin et le pain deviennent vrai sang et vrai corps du Christ. Il est donc essentiel de ne pas laisser échapper une goutte de vin et le pain restant, présence réelle du Christ est alors conservé précieusement dans le tabernacle.
Pour un protestant luthérien, c’est uniquement au moment de la communion que le pain et le vin deviennent momentanément le corps et le sang du Christ, parce que les fidèles sont rassemblés en son nom. La Cène terminée, le vin peut être bu pendant un repas et le pain distribué aux oiseaux.
Les luthériens considèrent que la prédication et la Sainte Cène sont d’égale importance ; donc, ils placent la chaire au même niveau que la table de communion.
Pour un protestant Réformé (calviniste), au moment de la Sainte Cène, le Christ est réellement présent au milieu des fidèles et sa présence est spirituelle. Le pain et le vin restent du pain et du vin.
Les Réformés considèrent que la prédication est plus importante que la Sainte Cène ; ils placent donc la chaire au-dessus de la table de communion.
Pas de crucifix dans un temple protestant. Le message le plus important est que Jésus le Christ est ressuscité, donc on ne le montre pas souffrant, crucifié.
La croix est vide, signe de la Résurrection.
À l’époque de la Réforme, on supprima même totalement les croix des lieux de cultes protestants.
Dans le temple de Compiègne, il n’y avait, à l’origine, qu’une petite croix au-dessus de la chaire. Aujourd’hui, on peut en voir une sur le pupitre qui porte la Bible.
Les vitraux d’origine ont été restaurés en 1998. La foi réformée interdisant les représentations dans les lieux de culte, ils sont non figuratifs. Les protestants, adeptes des Lumières et de la transparence ont eu un goût marqué pour les bâtiments lumineux. C’est ce qui explique la grande taille des ouvertures, malgré le style néo-médiéval, et le choix des couleurs claires pour les vitraux.
Elle est également un élément caractéristique de l’architecture protestante : même quand l’auditoire est plus nombreux chacun doit pouvoir voir et entendre correctement le prédicateur.
Chez les Réformés, le baptême est administré à l’aide d’une aiguière (petite carafe) déposée sur l’autel ; la présence de fonts baptismaux n’est donc pas nécessaire.
Chez les Luthériens, on trouve généralement les fonts baptismaux à proximité de la chaire et de la table de communion.
Chez les Protestants, le baptême n’a de sens que s’il est accompagné de la prédication de la Parole ; le baptême doit être administré devant la communauté réunie, de façon visible par tous.
Ce temple fait partie intégrante du patrimoine architectural de la ville de Compiègne. D’ailleurs il est depuis plusieurs années visité par de nombreux Compiégnois lors des journées du patrimoine.
Sources :